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bonhomme Sept-Heures

2025-07-30

Définition de bonhomme Sept-Heures

Au Québec, le bonhomme Sept-Heures est le personnage imaginaire dont on se sert traditionnellement pour effrayer les enfants et s’en faire obéir. En français international, pour rendre cette idée, on parlera du croque-mitaine ou du père Fouettard, mais ce personnage fabuleux semble avoir sa variante dans bien des régions de France, voire de la francophonie.

La graphie de bonhomme Sept-Heures fluctue énormément dans l’usage (emplacement des majuscules et usage ou non du trait d’union). Nous utilisons celle qui nous semble la plus logique. C’est aussi celle qui est utilisée dans le dictionnaire Usito.

Historique

Selon l’étymologie populaire, le bonhomme Sept-Heures devrait son nom à l’anglais bone-setter, une personne dont le métier de remettre les membres démis, c’est-à-dire ce qu’on appelle en français international un rebouteux ou rebouteur et, en français québécois, un ramancheur. L’idée serait que le ramancheur arrachait des cris de douleur à ses patients. Or, au Québec, on n’utilise pas les expressions bone-setter ou bonhomme Sept-Heures au sens de ramancheur. Voilà qui jette d’emblée un doute sur cette théorie.

De plus, l’étymologie populaire au Québec est fortement marquée par une tendance à voir de l’anglais là où il n’y en a sans doute pas (pitoune, enfirouâper, etc.). Également, différentes formes anciennes relevées au Québec dans le Dictionnaire historique du français québécois ne sauraient s’expliquer par une étymologie anglaise: Vieux Sept-Heures (1922), Père Sept-Heures (1942), Bonhomme Neuf-Heures (1945), Bonhomme Huit-Heures (1887).

Voici la plus ancienne citation de bonhomme Sept-Heures que le Dictionnaire historique du français québécois propose:

  • Quand on est mauvaise comme vous et qu’on meurt, savez-vous où çà que le Bon Dieu nous met?… […] Et ce sera bien fait pour vous, méchante, qui ne voulez pas qu’on vous décrasse! (On sonne.) Chut! entends-tu? C’est le bonhomme Sept-Heures qui vient chercher la méchante!… [La carte postale: saynète enfantine, Mme Dandurand [pseud. de Joséphine Marchand], p. 6, cité dans le Dictionnaire historique du français québécois, 1896]

Et voici quelques citations qui, mises ensemble, montrent bien que le bonhomme Sept-Heures est sans doute une créature mythique qui a plus de liens avec le reste de la francophonie qu’avec l’anglais:

  • Couch’uiter’ (le) (Couche-huit-heures, personnage fantastique dont on fait peur aux enfants pour les obliger à se coucher de bonne heure.) [Le Patois de Petit-Noir (village du Jura sur la rive droite du Doubs), 1896, F. Richenet]
  • Les Êtres qui font dormir. – En plusieurs pays le sommeil est personnifié: Pour faire les enfants se coucher, on leur dit en Haute-Bretagne que le bonhomme Dormi va venir les prendre, ou: Voilà le petit bonhomme Chopillard qui passe! [Revue des traditions populaires, volume 18, 1903]
  • Le bonhomme Basse-Heure est un personnage qui passe le soir, comme le petit marchand de sable, pour jeter du gravier dans les yeux des petits enfants. La tradition est si usée, que l’on confond parfois avec le bonhomme Haute-Heure. [Terroirs mauges, Henry Cormeau, 1912]
  • [Le] couche-huit-heures est un bonhomme imaginaire qui ramasse les petits qui ne sont pas couchés à huit heure [Un village comtois: Lantenne, ses coutumes, son patois, Jean Garneret, 1959]
  • D’ici, le Camp Yoloff, ou camp des wolofs, dans le proche faubourg de Port-Louis, rappelle encore un ancrage des sénégalais wolofs dans notre île. Khal Torabully , qui est né près de ce quartier marqué historiquement, rappelle que dans son enfance sa mère évoquait le bonhomme Sounga pour le calmer quand il était turbulent, comme cela se faisait pour les petits mauriciens d’alors. [« Du morne à Goré », BondaManjak, 3 février 2009]

Citations

  • Le gouvernement prend ces jours-ci des allures de véritable Bonhomme Sept-Heures. [« Gare au Bonhomme Sept-Heures! », La Presse, 15 septembre 2014]
  • Un couvre-feu qui aurait débuté une heure plus tôt et François Legault ravivait la légende québécoise oubliée du Bonhomme Sept-Heures. Dans le monde merveilleux de l’imaginaire, il est permis de rêver que François Legault a soigneusement évité d’être affublé de l’étiquette du personnage maléfique et fictif qui ramassait les enfants encore à l’extérieur après 19h [sic]. La légende voulait aussi qu’on ne les retrouvât jamais. [« Couvre-feu: une étiquette évitée », Le Soleil, 10 janvier 2021]

Traductions

En anglais, pour rendre l’idée de bonhomme Sept-Heures, de personnage fabuleux servant à effrayer les enfants, on emploie l’expression bogeyman (aussi écrite bogyman et boogyman).

En italien, dans le même sens, on parle de babau ou d’orco. Le dictionnaire Treccani.it fournit cet exemple: bambini, se non state buoni chiamo l’orco (les enfants, si vous n’êtes pas sage, je vais appeler l’ogre).

En espagnol, on parle d’el coco ou encore de l’hombre del saco (l’homme au sac).

Il existe aussi sans doute de nombreuses variantes locales à ce personnage imaginaire dont le caractère paraît universel. Par exemple, dans l’Antiquité romaine il y avait la lamia (lamie), une créature fabuleuse à tête de femme et à corps de serpent qui passait pour dévorer les enfants.

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